Fabien Lecoeuvre conte les chansons de Mylène Farmer
Fabien Lecoeuvre conte les chansons de Mylène Farmer
Mylène Farmer a su toucher le cœur et l’âme du public grâce à ses textes poétiques et son univers singulier et cinématographique. Porte-parole d’une génération « Désenchantée », elle a traversé quatre décennies en se renouvelant artistiquement continuellement. En 37 ans de carrière, cette Artiste de tous les records (+ de 30 millions de ventes, 21 N°1 en France, 58 titres dans le Top 10…) prouve qu’on peut allier popularité et qualité !
Publier un livre sur Mylène Farmer est toujours compliqué tant son public lui est fidèle et exigeant !
C’est pour honorer cette fidélité et mettre en avant la beauté de ses textes que Fabien Lecœuvre a écrit
« La Véritable Histoire Des Chansons De Mylène Farmer » aux Éditions Hugo Image (voir page 19).
De « Maman A Tort » (1984) à « L’Âme Dans L’Eau » (2020), ce conteur d’histoires explique les coulisses
et les thèmes des 50 plus grands tubes de Mylène, ainsi que ses collaborations (Alizée) et duos (Jean-Louis Murat, Khaled, Seal, Moby, Sting…). Il décrypte la petite histoire derrière la grande ! Un livre passionnant qui fourmille de photos, dont certaines moins connues du public.
Ce spécialiste de la Chanson Française, historien de formation, raconte ici la genèse d’une carrière hors norme et sans comparaison en France ! Mylène a toujours été une artiste avant-gardiste, qui a su capter l’air du temps bien avant tout le monde et nous renvoyer le miroir de notre société et ses maux.
Évoquant sa plume, tantôt féministe avant l’heure, tantôt défenseuse des droits LGBT, Fabien Lecœuvre ne produit pas une énième biographie, mais un pur concentré d’anecdotes !
Pourquoi sortir simultanément un livre sur Farmer et Jean-Jacques Goldman ?
C’est le hasard du confinement ! Nous étions bloqués chez nous, je me suis alors penché sur la mise à jour du
« Dictionnaire Officiel Des Chansons Françaises » que j’ai sorti l’an dernier, puis sur Farmer et Goldman. Même si on ne peut pas comparer des artistes entre eux, ils sont semblables dans l’importance qu’ils ont dans la Chanson Française. Il n’y avait pas de femme dans cette collection et celle qui est à la hauteur de toute une génération, c’est Farmer !
Vous avez écrit 60 ouvrages. D’où vous vient cet amour pour les artistes ?
De mon enfance. J’avais la chance d’avoir une grand-tante, Simone, très fan des artistes des
années 30 à 50, qui m’a amené à des concerts : Georges Brassens, Claude François, Les Compagnons de la Chanson, Sylvie Vartan… J’ai eu la chance d’assister à tous ces shows, comme les émissions télé. Elle m’a donné ce goût du spectacle, c’est merveilleux ces gens qui vous donnent du rêve. Mylène, par exemple, est
une très grande auteure et elle a cette élégance et cette volupté pour accompagner les gens.
Savez-vous pourquoi Mylène est une telle icône gay ?
Pour moi, le terme « icône gay » est réducteur. C’est une icône, tout simplement ! Elle touche les gens par ses refrains, elle a touché l’enfance de millions de personnes, c’est comme ça qu’on devient une icône. On ne peut pas l’expliquer, il n’y a pas de recette, ce n’est pas quelque chose qu’on choisit, c’est le public qui choisit son icône. Elle décrit elle-même ses chansons des débuts comme des comptines et les comptines sont faites pour les enfants ou pour rester dans l’enfance. Donc le public l’a choisie comme porte-drapeau ! L’avantage des gens qui sont LGBT+, c’est d’avoir une sensibilité surdéveloppée. Il y a quelque chose que n’auront jamais les
hétéros : la sensibilité féminine chez un homme, c’est magnifique ! Les imbéciles vont traiter ces gens de tous les noms mais, moi, je sais que c’est un avantage dans le milieu artistique ! C’est une manière de vivre différente, comme un esthète. Mylène rassemble ces gens-là, qui ressentent cette vibration et ce qu’elle renvoie.
Ce n’est pas votre premier livre sur Mylène. Qu’est-ce qui vous fascine autant chez elle ?
La première fois que je l’ai rencontrée, c’était au printemps 84, j’étais attaché de presse pour Walt Disney Productions. On m’avait demandé de participer à un reportage photo dans lequel était Mylène. Lorsqu’elle était dans ma voiture pour l’amener à Vincennes, elle ne m’a pas quitté des yeux. J’ai gardé en mémoire ce regard. Sur la couverture de mon livre, je retrouve cette expression avec laquelle elle m’avait fixé. Elle a un regard envoûtant, des yeux de chat. Ça m’a marqué ! Nous nous sommes croisés plusieurs fois ensuite et j’en ai reparlé avec elle, j’ai pu lui rappeler cette histoire de 84 dont elle se souvenait. Avec Mylène, on a parlé de beaucoup de choses, dont Michel Polnareff, que je lui ai passé au téléphone. Leur projet de duo n’est jamais sorti à cause de problèmes éditoriaux et je le regrette.
Qu’est-ce qui rend votre livre différent des autres ?
Je n’ai pas voulu faire une biographie car il y en a beaucoup et qui sont bien faites. J’ai voulu reprendre les chansons car quand on connaît leur histoire, on ne les écoute plus de la même manière. Ma chanson préférée de Farmer est « C’Est Une Belle Journée », c’est d’un entrain ! J’aime les belles histoires positives, j’aime voir les castings qu’il y a derrière, c’est ça que je veux raconter. Je connais les artistes, ce qui peut les irriter et ce qui leur plaît. J’ai toujours envoyé mes textes aux artistes sur qui j’écris. Au fur et à mesure de mes ouvrages, ils ont compris que je ne suis pas quelqu’un qui cherche la polémique, au contraire, je veux leur rendre hommage !
Comment avez-vous trouvé toutes ces anecdotes ?
Certaines personnes me racontent des histoires, il faut parfois des années d’enquête pour les vérifier et je lis beaucoup, je côtoie l’entourage des artistes… Il y a tellement de choses à dire !
Si vous ne deviez retenir qu’une anecdote sur Mylène, laquelle choisiriez-vous ?
Le photographe Bernard Mouillon m’avait amené en 84 au Festival d’Avoriaz, Mylène venait de sortir son premier titre. Nous nous sommes retrouvés avec Jeanne Mas, Axel Bauer, Vivien Savage et Mylène. J’ai trouvé ça drôle que sur la photo, à la période où elle est publiée, Mylène était la moins connue. Et pourtant, maintenant, c’est elle qui a fait la plus grande carrière. Je trouve ça fascinant cette photo qui est dans le livre en double page. C’est un destin incroyable car les trois autres avaient eu au moins un succès mais, finalement, c’est Mylène qui traversera le temps !
Ses chansons nous permettent-elles de découvrir la femme qui se cache derrière ?
On découvre sa personnalité, la femme qu’elle est à travers ses textes ! Elle est très avant-gardiste lorsqu’elle fait des chansons pour défendre les femmes, bien avant le mouvement #MeToo, ou pour défendre les homosexuels alors que personne n’en parlait. Puisqu’elle est auteure, elle se dénude dans ses chansons, elle en devient presque impudique dans ses textes alors qu’on lui reproche d’être beaucoup trop secrète dans la vie. Tout est dans ses textes, son identité, qui sait lire peut savoir qui elle est !
Y a-t-il une marque de fabrique Farmer ?
Sa richesse, ce sont les tournures de phrases et les références littéraires et cinématographiques. On ne lit pas suffisamment les textes de Mylène et c’est injuste !
Savez-vous ce qu’elle prépare pour la tournée « NEVERMORE 2023 » ?
Non, je pense que c’est trop tôt, peut-être qu’elle-même ne le sait pas encore. Je sais seulement qu’on sera surpris et que ça sera peut-être le dernier concert. Mais je pense qu’elle se rapproche du milieu du cinéma, comme une deuxième carrière après la chanson. Ça serait très intéressant de voir ça.
Quels sont vos projets ?
Je prépare un livre pour l’année prochaine sur les 70’s, à l’occasion des 50 ans du journal « Podium », avec l’intégralité des numéros du magazine. Et je poursuivrai sûrement la télé et la radio.
Propos recueillis par Damien Guignard
Photographies : Fabien Lecœuvre (F.L.O.)
& couverture livre (Christophe Mourthé)
Livre : « La Véritable Histoire Des Chansons De Mylène Farmer » de Fabien Lecœuvre
(Éditions Hugo Image – 126 pages – 18,50 €).
Sites Internet : www.hugoetcie.fr & www.facebook.com/hugoetcompagnie.