OLYMPE UN ARTISTE LIBRE & DÉCOMPLEXÉ !
INTERVIEW OLYMPE, UN ARTISTE LIBRE & DÉCOMPLEXÉ !
« Pour un couple gay, l’adoption en France est impossible ! »
Ce qui nous touche en premier quand on rencontre Olympe, c’est la gentillesse et la bienveillance qui émanent de son visage. Une simplicité à contre-courant dans un univers musical de plus en plus superficiel. Musicalement, c’est la même chose ! Sa voix est pure et les 5 jurés de « The Voice All Stars » (tous les samedis soirs sur TF1) ne s’y sont pas trompés en le qualifiant rapidement pour poursuivre cette formidable aventure.
C’est en partie grâce à cette mise en lumière qu’Olympe nous revient avec un nouvel E.P., « Taxìdi » (5 titres), disponible en Digital & en C.D. (uniquement sur le site : https://olympeofficiel.com). Il nous propose des chansons up-tempo, à l’image des 2 premiers singles « Fort » & « J’Roule Plus Vite Que Toi », mais aussi de sublimes piano-voix qui ont fait son succès. Prémices d’un nouvel album prévu début 2022.
C’est un artiste libre et décomplexé que nous retrouvons aujourd’hui, mais profondément marqué par les insultes et le cyber-harcèlement dont il a été victime depuis son exposition médiatique. En attendant, Olympe et son mari continuent l’un des plus grands combats de leur vie : l’adoption. Et quand on est gay, c’est un véritable parcours du combattant…
« Taxìdi » est le nom de ton E.P. et l’intro. Cela signifie quoi ?
Ça veut dire Voyage en Grec. Cet E.P. est un voyage intérieur dans le sens où je ne savais pas trop où j’allais ces trois dernières années. J’étais perdu et n’avais aucune idée si je ressortirais de la musique un jour. « Taxìdi », c’est vraiment ce cheminement du doute jusqu’à aujourd’hui où tout s’est éclairé. C’est pour ça que l’introduction met en lumière une progression : il y a d’abord un côté sombre et ensuite l’espoir arrive !
Avec « J’Roule Plus Vite Que Toi », destiné aux haters, laisses-tu les critiques derrière toi ?
J’adore ce titre groovy, avec ses voix lyriques, qui bouge un peu plus que les autres. Le confinement m’a beaucoup aidé à poser les choses et à comprendre que les gens qui me critiquent sont ceux qui ne me suivent pas, qui ne m’écoutent pas, qui n’achètent pas ma musique, qui ne viennent pas me voir sur scène et qui sont simplement là pour me critiquer. « J’Roule Plus Vite Que Toi », que j’ai écrite avec Jérôme Brulant, est un message pour ceux qui n’ont pas confiance en eux ! Je leur dis de foncer car ceux qui les critiquent resteront toujours au même niveau. Au collège, j’étais le souffre-douleur ! On me jetait des punaises avec des lance-pierres dans les jambes quand j’étais en short. Peut-être parce que j’étais efféminé et que j’avais une voix aiguë. J’ai assez souffert, maintenant, je n’y prête plus attention !
Qu’as-tu le plus mal vécu : la grossophobie ou l’homophobie ?
Le côté gay, je l’ai assumé depuis le départ, même si ma maison de disques me demandait de ne pas trop en parler à cause de La Manif Pour Tous qui sévissait. Je n’ai aucun problème avec ma sexualité ! La grossophobie, ce n’est pas évident. J’ai fait « The Voice », j’étais là pour chanter. À l’époque, même des journalistes, toujours en activité, se moquaient de moi comme si j’étais la plus grosse des merdes, que j’étais gros et qu’il y avait du boulot pour me faire un ravalement de façade. On parle beaucoup de Body Positive (NDLR : acceptation et appréciation de tous les types de corps humains) chez les femmes, mais très peu chez les hommes. J’ai posté une photo de moi torse nu sur Instagram en disant qu’il fallait s’assumer. Beaucoup de mecs m’ont dit merci car ils avaient du mal à accepter leurs rondeurs ou leurs cicatrices. Il y a trois ans, mon seul but, c’était de perdre du poids. J’étais tellement focalisé dessus que je ne bossais plus. Je me disais que si je ne maigrissais pas, je ne pourrais plus passer à la télé. On m’avait dit qu’on me cachait derrière un piano car j’étais trop gros.
Cette discrimination n’est-elle pas pire chez les gays ?
Clairement ! On a le culte des beaux gosses avec des tablettes de chocolat. Moi, je sais que si je veux un corps comme ça, il faut que j’arrête de manger, que je me fasse vomir et que je fasse du sport. Ce n’est pas une vie. Il faut s’accepter comme l’on naît/est ! C’est d’ailleurs le message aussi du titre « Fort ».
Qu’est-ce que ça change d’être un artiste indépendant ?
Beaucoup de choses ! ça demande du temps et de l’organisation, mais ça permet une totale liberté. Artistiquement, je fais aujourd’hui ce que je veux et ce ne sont plus des titres qu’on me sort d’un tiroir et que je choisis. Attention, j’ai adoré ce que j’ai chanté, mais les chansons de cet E.P. et de l’album à venir seront bien plus personnelles. J’ai pu mettre autant de cordes que je voulais. Peut-être un peu trop ! (Rires). Et mine de rien, je me suis retrouvé 2ème sur iTunes, sans passer à la télé. Cet E.P. sort en même temps que « The Voice All Stars ». Ça aurait été bête de ne pas en profiter…
As-tu hésité à participer à « The Voice All Stars » ?
Pas une seconde. C’est même leur appel qui m’a reboosté. Quand ils m’ont appelé, je revenais d’un concert à Perpignan. J’enchaînais les concerts par habitude, mais j’avais un peu honte de proposer les mêmes chansons depuis 8 ans. Cet appel a été la lumière au bout du tunnel !
Avec ton mari Julien, où en êtes-vous dans votre projet d’adoption ?
Pour Julien et moi, c’est la suite logique dans notre couple. On s’est dirigés vers l’adoption des pupilles de l’État. Avec le Mariage pour tous, nous avons la chance de pouvoir adopter. Sur le papier. La réalité est bien différente. Nous avons un agrément pour adopter un enfant de 3 mois à 4 ans. Il faut savoir qu’un couple gay ne peut pas adopter n’importe où dans le monde, comme dans les pays asiatiques. En Afrique du Sud, il y a tellement de demandes que l’adoption n’y est plus ouverte. Il reste le Mexique et le Brésil. Sauf que ce sont des enfants adoptables à partir de 10 ans. Un enfant de 10 ans qui vient d’un pays où l’homosexualité n’a pas une image très positive, où la culture et le langage sont différents… c’est très compliqué. Notre but n’est pas de déraciner et de déstabiliser un enfant. Pour nous, il faut que notre enfant grandisse avec nous, pour que grandir avec deux hommes soit une habitude. On a demandé un rendez-vous au bout de trois ans pour comprendre pourquoi notre dossier n’avançait pas. On nous a répondu qu’ils sélectionnaient via la construction Freudienne, à savoir qu’un enfant devait grandir avec un papa et une maman. Mais cette théorie est complètement dépassée ! Le seul point faible de notre dossier, c’est notre homosexualité car, au final, quand il y a un enfant et qu’ils doivent choisir entre le couple hétéro et le couple homo, c’est toujours le couple hétéro qui est choisi. C’est triste !
Propos recueillis par Aurélien Noël
Photographies : Sparxstudio & Olivier Chevalier
E.P. : « Taxìdi » (Talentcy Records) en Digital & C.D. sur le site https://olympeofficiel.com.
Extraits : « Fort » & « J’Roule Plus Vite Que Toi ».
Concert : 10 Décembre Musée La Piscine (Roubaix).
Sites Internet : https://olympeofficiel.com, www.facebook.com/OLYMPE.MUSIC.OFFICIEL & @olympeofficiel (Instagram & Twitter).