Amanda Lear album Tuberose
Amanda Lear en interview pour son dernier album Tuberose pour TribuMove
Exit le Disco ! Pour son 2Oᵉ album, « Tuberose » (12 titres) en C.D. & Digital, la Reine des dancefloors, des punchlines et du glamour troque sa combinaison ultra-moulante pailletée pour le costume sobre d’une chanteuse à texte. Fruit de son introspection personnelle, elle s’approprie le répertoire des plus grands auteurs- compositeurs-interprètes français de ces 70 dernières années, qui ont eu une résonance en elle ou un écho par rapport à sa vie actuelle et les questions et doutes qui l’assaillent : l’âge et la séduction, la solitude… On retrouve des pans entiers du patrimoine musical français (Charles Trenet, Serge Gainsbourg…), sans oublier la nouvelle génération (Julien Doré…). Véritable lyre, elle se laisse submerger par le spleen, la nostalgie
et la mélancolie et véhicule une palette d’émotions comme dans les singles « Le Bel Âge » (Barbara) & « Immortels » (Dominique A). Cet univers épuré lui sied comme un gant et nous dévoile une nouvelle facette de sa personnalité ! Décidément Queen Lear ne cessera jamais de nous surprendre…
Cet album de standards français est surprenant, où est passée la Reine du Disco ?
J’ai fait le tour de la période Disco ! Tout le monde a dansé dessus, j’ai vendu 28 millions d’albums. Maintenant, ça suffit ! Lorsque ma maison de disques m’a contactée pour que je fasse un album, j’ai tout de suite pensé
au très joli titre « La Rumeur » qu’Alexis Michalik m’a écrit il y a deux ans. C’est une chanson à texte sur les qu’en- dira-t-on, l’homosexualité… de me suis dit qu’on allait laisser tomber le Disco et revisiter des auteurs qui
ont êcrit des textes merveilleux.
Comment avez-vous choisi les artistes que vous reprenez ?
Je voulais un album qui ressemble à la femme que je suis aujourd’hui ! C’est complètement diffèrent de ce que j’ai fait jusqu’à présent. de suis seule, la voix très intime près du micro avec juste une guitare, à la Leonard Cohen. Il n’y a pas de grandes orchestrations avec des violons.
J’ai un petit coup de cœur pour celle belle chanson de Barbara, « de Bel Âge », gui était très scandaleuse
pour l’époque. L’autre (NDLR . Pascal Sevran) a copié le thème avec « ll Venait D’Avoir 18 Ans » parce qu’évidemment la chanson de Barbara est bien antérieure.
Rue signifie l’énigmatique titre « Tuberose » ?
C’est bien « Tuberose » et pas tuberculose comme certains peuvent le dire… Pires Alors, non, ce n’est pas une maladie, c’est une fleur vénéneuse. C’était la fleur prêfêrêe de Salvador Dalï. Il m’en envoyait souvent. Ça coûtait la peau des fesses ef en plus ça empestait. C‘est un parfum capiteux, entêtant, envoûtant, dangereux qui est lié â la pourriture, â la déchéance… C’était le titre parfait pour cet album qui est un peu mélancolique.
Êtes-vous mélancolique ?
Nous le sommes tous â un moment de notre vie ! Encore plus avec ce confinement. La mélancolie, c’est du silence et notre la solitude. Normalement, on trafique la voix, mais là, j’ai dû essayer de chanter plus
juste que d’habitude. Ça m’a donnê plus de travail. Le titre de Barbra Streisand, « (Have I Stayed) Too Long At The Fair? », est le seul pue l’on ne pouvait pas traduire. C’est un peu mon constat d’aujourd’hui : Est-ce qu’on
n’a pas passé un peu trop de temps en discothèque et maintenant, c’est fini ? La musique s’est éteinte, tout le monde est rentré chez soi et moi, je reste comme une conne à attendre pour faire la fête.
Votre manière de poser la voix rappelle Juliette Gréco. Est-ce votre référence ?
Juliette Grêco êtait mon idole. J’ai toujours aimê la chanson parlêe. Celle de Marlene Dietrich et Gréco, des chansons interprétées par des actrices et non par des chanteuses. Ces artistes n’étaient pas des chanteuses â voix, mais elles articulaient les textes en les jouant. J’ai justement repris dans l’album une chanson que
Grëco a chantèe et qui s’appelle « Strip-Tease ».
Gainsbourg savait écrire pour les actrices !
Absolument, il m’avait d’ailleurs contacté pour m’écrire des chansons. J’étais vraiment emballée, mais il est malheureusement décédé avant ce qui aurait pu être un beau projet. Claude Nougaro m’avait aussi écrit deux chansons que je n’ai jamais enregistrées. C’est dommage car ce sont deux auteurs qui avaient compris que l’on pouvait me donner de jolis textes à interpréter. Il n’est pas trop tard cela dit pour les enregistrer. Mais vu mon espérance de vie… (Rires).
Dans le film « Miss », vous êtes odieusement drôle et on retrouve votre sens inné de l’autodérision !
Le réalisateur Ruben Alves s’est donné un mal fou pour ce film et je suis sincèrement désolée pour lui car deux jours après sa sortie, il y a eu le confinement. « Miss › n’a pas eu la carrière qu’il aurait dû avoir ! Alexandre Wetter qui incarne Alex est extraordinaire. Quand Ruben m’a proposé un rôle, je lui ai moi-même dit que je voulais faire une méchante. C’est ce que je suis dans tout le film ! Rires La seule qui dit au héros qu’il est à chier, c’est moi ! C’est un rôle assez dur et â contre-emploi. Une sorte de mère maquerelle. Ça m’a beaucoup amusée de faire ça.
Pourquoi avez-vous participé au documentaire, « Amanda Lear, La Création De Soi », diffusé prochainement sur Arte ?
C’est extraordinaire ! Ça sent le sapin quand on fait des documentaires sur vous. (Rires). Je ne voulais pas qu’il se fasse à la base. J’avais déjà refusé l’émission « Un Jour, Un Destin » de Laurent Delahousse, mais Arte, c‘est plus chic. Ils sont allemands et bien ëduqués. Le metteur en scène, Christian Jakob, a tenu à me rencontrer pour m’expliquer son projet et qu’ils avaient accès à toutes les archives de mes prestations allemandes que les Français ne connaissent pas. C’est ce qui m’intéresse : montrer ce que beaucoup de Français ignorent comme mes carrières italiennes et allemandes. Je ne voulais pas apparaître dans le documentaire ou alors en ombre, mais ils ont réussi à me convaincre. Au final, le contenu est plutôt bien
fait et il enlèvera ces fausses idées que l’on peut se faire sur Amanda Lear. Mais ça sent quand même le cimetière tout ça ! (Rires).
Ce sera le mot de la fin (c’est le cas de le dire !)…
(Rires). J’ai eu tellement de chance dans ma vie, je ne peux pas me plaindre. Les gens prient pour demander la réussite ou la fortune. Moi, quand je prie, je dis d’abord merci. Je remercie pour tout ce qui m’est arrivée dans la vie avant de réclamer toujours plus. Les Français sont grognons, mais remercions déjà le fait d’être dans un p comme la France où il y a le mariage gay, où l’on est libres, où l’on peut manifester dans la rue… On n’est pas en Afghanistan. Il faudrait voir le verre à moitié plein, plutôt qu’à moitié vide. Non seulement, je veux qu’il soit à moitié plein, mais je veux surtout qu’il reste de la place pour rajouter de la Vodka. (Rires).
Propos recueillis par Aurélien Noël
Photographies : Narco Piraccini
Album : «Tuberose » {Boomlover/MCA/Universal Nusic France) en C.D. & Digital (12 titres).
Extraits : « Le Bel Âge » & « Immortels ».
Sites Internet: www.amandaIear.com, www.facebook.com/reineIear & @amanda.lear (Instagram).