Oete, nouveau poète de la chanson française
Oete, le nouveau Poète de la chanson française, en interview !
Enlevez le p de poète et ça donne Oete ! C’est le nom de scène qu’a choisi ce jeune artiste de 22 ans, lui qui apporte une importance particulière aux paroles et qui a commencé par des reprises sur Instagram. On avait ainsi pu le découvrir chantant « Hung Up » de Madonna (version piano en français), ainsi que de nombreuses autres chansons, toutes introuvables à présent, puisqu’il se consacre pleinement à sa propre musique.
Souhaitant aujourd’hui prendre son envol, il propose une musique dansante et un rythme enjoué sur des paroles sérieuses, à l’image du 1er single Digital « HPV », qui aborde le thème du Papillomavirus. Ses autres titres seront dans la même veine, portés par une voix et un style reconnaissables instantanément. Rencontre avec un Artiste lucide et prometteur, « La Tête Pleine » (2ème single Digital) de rêves de carrière !
« Il faut savoir oser et interpeller »
Pourquoi « HPV » est-il consacré au Papillomavirus ?
C’est une chanson hyper compliquée pour moi, ça fait longtemps que je l’ai écrite. J’avais besoin de quelque chose pour me libérer, me déculpabiliser et pour célébrer cette victoire contre moi-même, contre une maladie. Lorsqu’on a une MST, on se sent sale, rabaissé, donc je voulais inventer un cri de victoire, de libération et pouvoir danser, comme si je gagnais un combat !
C’est rare de parler d’une MST dans une chanson !
C’est rare ou fait de manière frontale. HPV, si tu ne connais pas l’acronyme anglais, on pourrait très bien pen- ser que je parle de quelqu’un et pas d’une maladie. C’est aussi ce que j’ai essayé de faire dans cette chanson : un double sens.
Pourquoi reprendre « Pendant Que Les Champs Brûlent » de Niagara ?
Niagara, c’est la définition de ce que j’aime dans la musique : un texte sérieux avec de vrais propos et une musique dansante. C’est ce que j’ai envie de proposer : dansant, mais sérieux. Je vois Juliette Armanet, Clara Luciani ou Fishbach et je me dis qu’on peut danser sur des choses sérieuses, avec une vraie poésie et une épaisseur. Niagara faisait ça depuis les 80’s. J’admire ce genre d’artistes !
Quels autres artistes t’inspirent ?
Beaucoup de mes artistes de référence sont morts, je n’ai pas de chance et pour les collaborations, c’est raté ! Christophe, Alain Bashung ou Françoise Hardy sont de grands poètes. Catherine Ringer et Bernard Lavilliers aussi, car ces artistes ont des choses à dire et des messages à faire passer. J’aime beaucoup également Feu! Chatterton.
Quel est le thème de ton nouveau single « La Tête Pleine » ?
C’est ma définition de l’amour en 2021. Je l’ai écrit en plein milieu du confinement. On passe du temps loin des autres, on apprend à être seul, puis on se rend compte qu’on n’arrive pas à être seul ! C’est la peur du manque, on est dans un monde insatiable. C’est aussi une énorme envie de vivre, on se redécouvre, on s’aime, on tremble et on craint de se retrouver seul. Je ne t’ai pas quitté, mais je pense déjà au manque que cela va causer !
Tu as une voix particulière et recon- naissable. Comment projettes-tu ta carrière ?
J’ai une croyance qui est que la voix résume ce que tu as vécu ou les choses que tu n’as pas su dire et extérioriser. Je crois aux Chakras ! Si ma voix est comme ça, c’est qu’il y a une bonne raison. Je rêve d’une carrière à la Christophe, ça serait incroyable ! Mais je ne me prends pas trop la tête pour le moment, je vois où le vent me mène…
Tu arbores un look rétro (vêtements à froufrou rose pastel) et tu oses les crop-tops en filet sur scène. Recherches-tu l’ambiguïté ?
L’image est hyper importante dans un projet musical. Avant de nous écouter, les gens voient notre tête sur insta ou une pochette. J’ai envie d’intégrer ça dans ma carrière, car même dans ma vie privée, je porte des panta- lons patte d’eph et des crop-tops. On a besoin de réinventer les codes de la mode genrée. Sans, pour ma part, partir dans une féminisation totale, car je me sens très bien en tant que garçon, mais il faut savoir oser et interpeller !
Fais-tu partie de cette nouvelle génération d’artistes libres et décomplexés (Christine and the Queens, Eddy de Pretto, Aloïse Sauvage…) qui affichent un côté Queer ?
Oui et non. Je n’ai pas choisi d’avoir les yeux bleus, de faire 1m72, tout comme je n’ai pas choisi d’être gay. Je mets toutes ces caractéristiques au même niveau. Venant de la campagne, je n’ai jamais fréquenté le milieu LGBT et ça n’a pas été un facteur de ma construction identitaire. Je ne sais pas si je serais capable de porter un message comme Aloïse Sauvage ou Chris. Mon orientation sexuelle a toujours été assez simple, au final, pour moi !
N’as-tu jamais eu de problème avec ta sexualité ?
J’ai galéré ! Je viens de province, d’un petit village de 250 habitants dont 50% de vaches. Quand un jeune se pose des questions sur son orientation sexuelle, ça pose problème. Mais j’ai su trouver les personnes à qui parler, c’est le plus important.
Quelle est la chanson qui représente le mieux la communauté LGBT ?
« Nouveau Genre » de KLON. C’est un groupe de 7 potes, qui vivent en colocation, qui cassent les codes et qui ne se mettent pas de barrières, qui entre dans un côté militantisme hyper rock. Cette chanson dit tout simplement qu’on est bien plus qu’une personne genrée et orientée sexuellement !
Quelle est ta prochaine étape ?
Pour l’instant, essayer de faire des petits concerts. Je vais voir avec mon label comment cuisiner tout ça et quelle recette on va faire ? J’ai envie de prendre le temps de faire bien les choses, avec un projet construit de A à Z et qui soit cohérent, mais avec d’autres influences qui entrent en compte. Le but, c’est de rester dans des textes sérieux avec des mélodies rétro et dansantes.
Propos recueillis par Damien Guignard
Photographies : VEP & Martin Angor/Les Augustins Photographie