OSCAR AND THE WOLF UN ARTISTE QUEER À FLEUR DE PEAU !
Le nom d’Oscar and the Wolf fait penser à un conte de fées. Pour pénétrer dans son univers, il faut mettre de côté tous vos a priori et être ouverts, tolérants et sans jugement, car tout ce que vous connaissiez jusqu’ici est sans dessus-dessous !
Max Colombie est l’Artiste qui se cache derrière cet énigmatique nom. Dans sa tête, il conçoit des paysages qu’il essaye de retranscrire en musique et en mots/maux. Son univers est cinématographique car il peut visualiser les choses qu’il y voit, ressent, touche… Il tente de capter la faille qui existe entre la lumière et l’obscurité, le blanc et le noir, le Bien et le Mal. Une dichotomie, un combat perpétuel qu’il met en scène dans ses chansons construites comme de véritables petits tableaux baroques avec plein de touches de couleur.
Les thèmes de son 3ème album « The Shimmer » (11 titres), en C.D., vinyle & Digital, sont l’honnêteté, la sexualité, mais surtout l’Amour éperdu ! Son électro-pop se pare de sonorités R&B contemporaines, sa voix androgyne et aérienne, qui est gorgée de désir et de sensualité, véhicule toute une palette d’émotions. Ses poèmes, qui évoquent les amours masculines, sont empreints d’érotisme, de romantisme, de nostalgie et de mélancolie à leur paroxysme.
Concevant l’image comme une extension de son Art, Max écrit et réalise ses propres clips. Dans les 3 singles (« James », « Oliver » & « Livestream »), nous sommes propulsés dans le monde imaginaire d’Oscar and the Wolf : l’Amour universel (hétéro, gay & bi) et la liberté d’être qui l’on veut !
Habité par son Art, chacune de ses prestations scéniques est construite comme une petite pièce de théâtre. « The Shimmer Tour » célébrera l’Amour sous toutes ses formes : 12 Novembre 2021 Ancienne Belgique (Bruxelles/Belgique), 30 Avril 2022 Palais des Sports (Anvers/Belgique) & 20 Mai La Cigale (Paris).
Le confinement a-t-il été une période d’introspection ou de création ?
D’habitude, le milieu de la nuit m’inspire beaucoup, mais là les clubs étaient fermés. J’ai donc déménagé à 15 minutes de Bruxelles en pleine campagne. J’y ai acheté une maison, donc c’était l’endroit parfait pour vivre cette période. Je me suis recentré sur le genre de musique que je voulais vraiment faire, coupé du monde et sans voir mes amis. J’ai été inspiré par les saisons, la nature, les animaux… Au final, c’est la raison pour laquelle l’album est si mélancolique.
À qui s’adresse la chanson « Nostalgic bitch » ?
Sur tout l’album, j’ai adapté des histoires et des personnages existants à ma façon. Pour ce titre, j’ai pris la méchante Cruella comme modèle. (Rires). J’ai le cœur brisé et je suis tellement en colère que je veux me venger. Cruella est une métaphore de la personne que je deviens !
Les histoires d’amour doivent-elles toujours mal finir ?
Cela ne finit jamais bien ! J’ai commencé à écrire et à faire de la musique parce que j’aimais quelqu’un qui ne m’aimait pas en retour. Je n’écris jamais sur des choses banales, mais j’aime exprimer le moment où tu es amoureux et que tu découvres des sentiments que tu ne maîtrises pas ou sur l’amour impossible, éperdu…
C’est justement le thème de « Ghost of you ».
Absolument car c’est autobiographique. Je débarquais dans un nouveau lycée et je suis tombé amoureux d’un camarade de classe qui est devenu mon meilleur ami. C’est l’histoire typique qu’on voit dans les films : deux jeunes en vélo traversant la campagne car nous habitions un village… Nous avons eu de bons moments, une vraie romance, mais sans être officiellement ensemble. J’ai ensuite intégré une autre école et pendant trois ans, j’ai eu le cœur brisé. Voilà la vraie histoire derrière « Ghost of you ».
Cela t’a autant marqué que des années après tu en fais une chanson ?
C’est mon premier amour et je ne l’oublierai jamais ! Je peux facilement tomber amoureux et avoir une relation avec quelqu’un d’autre, mais cela m’a marqué à vie. Par exemple, si je sens un vêtement, je sens encore son odeur 13 ans plus tard.
Est-ce que tout l’album est autobiographique ?
Toutes mes émotions sont vraies et viennent de mon âme et mon cœur, mais j’essaye de les rendre universelles pour que tout le monde s’y retrouve, se les accaparent… C’est l’Amour universel ! J’ai été en vacances dans un petit village en Italie du Sud. C’était tellement magnifique que j’étais triste ! J’aurais voulu y vivre toute ma vie, je me disais que j’avais 30 ans et que j’étais passé à côté des meilleures années de ma vie ici. Je ne pouvais pas récupérer ces années qui étaient perdues. Donc, j’ai commencé dans ma tête à imaginer une chanson en changeant le scénario.
Tu es très poétique et un grand romantique. Cela te perdra !
(Rires). J’ai toujours été comme ça. Je me nourris de l’amour, c’est ce qui me fait grandir, évoluer et avancer, mais ça me détruit aussi en même temps ! Oui, ça me tuera… (Rires).
Est-ce que tu t’es forgé une carapace ?
Non, l’amour se doit d’être honnête, transparent. On doit le vivre à fond !
Te définis-tu comme un artiste queer ?
Je le suis ! Pour moi, au départ, queer ça avait un côté flamboyant. Tu n’as pas besoin d’être gay pour être queer. Par exemple, mon producteur est queer, mais pas gay. Il a une ouverture d’esprit et une telle tolérance, tellement à l’aise avec sa féminité que les gens pensent qu’il est gay et il s’en fiche complètement de ce que les autres peuvent penser en le voyant. Aujourd’hui, être queer, c’est accepter sa part de féminité, de sensibilité intérieure… ne pas être dans une case : un garçon ou une fille basique, mais plus quelqu’un d’inclassable, sans étiquette. Pour moi, les exemples parfaits sont David Bowie, Kurt Cobain ou Prince. Il sont super queers ! (Rires).
Que penses-tu de Sam Smith ou Demi Lovato qui se déclarent non-binaires et non-genrés ?
De nos jours, la notion, le champ et le spectre de l’identité sont très complexes. C’est difficile à comprendre, car il n’y a pas de mots ou de conjugaison pour décrire leurs émotions et sentiments. Il faudrait créer un nouveau langage pour eux pour mettre des mots sur leurs maux et pour les comprendre car même dans la littérature, il n’y a rien pour les aider. Il reste beaucoup de choses et de chemin à faire !
Les gens ne sont-ils pas dépassés par leurs combats ?
La nature humaine est par essence compliquée. Les gens n’arrivent déjà pas à comprendre les gays alors comment faire pour qu’ils acceptent quelque chose qui les dépassent et, en plus, il n’y a aucun mot dans le dictionnaire, la littérature… pour les qualifier, les nommer. Tout est à faire et à créer, le champ des possibles est ouvert !
Pourquoi t’être inspiré du film « Annihilation » pour le nom de l’album ?
« The Shimmer », c’est le Miroitement. Dans le film, le Miroitement est un monde qui vient d’on ne sait où. Je ressens exactement ça quand j’écris des chansons, c’est comme si je marchais dans cette zone où les fleurs se sont transformées en glace, les gens en terre, par moments c’est l’obscurité et d’autres fois cela devient magnifique… Tout a subi une mutation ! C’est un monde en constante évolution, transformation : les choses laides deviennent belles, les choses effrayantes deviennent drôles… C’est absolument ce que je veux faire en musique ! Je veux créer quelque chose qui mute.
Que cache l’énigmatique titre « Transfixions » ?
(Rires). J’adore ces deux mots ensemble : trans et fixions (NDLR : fixations). Pour moi, cela signifie qu’on a quelque chose d’amputé, en moins. C’est bien sûr une métaphore de l’état de mon cœur qui est amputé parce qui lui manque le grand amour !
Les deux piliers de l’album sont l’honnêteté et la sexualité. Pourquoi cette évolution ?
Au départ, quand Oscar and the Wolf a explosé, j’étais bien sûr gay, mais je n’y prêtais pas attention. Je n’ai jamais menti ou caché mon homosexualité. En fait, ce n’était pas le sujet car, pour moi, c’était naturel ! Aujourd’hui, je me suis rendu compte que j’avais une voix et qu’il fallait que je l’utilise pour tous ceux qui ne peuvent pas parler et pour la communauté LGBT. Au début, je pensais qu’en étant gay, je n’allais pas être aimé ou accepté dans le monde de la musique. J’imaginais qu’on allait me regarder comme quelqu’un qui n’était pas convenable, étrange… Je voulais être musicien et vivre de mon Art, mais je pensais ne pas y arriver parce que j’étais gay. Mes peurs sont aujourd’hui dissipées.
La sexualité est aussi un combat politique pour aider ton public LGBT qui se bat en Turquie ou Iran.
J’ai beaucoup de fans en Iran et je n’ai même pas pu m’y rendre car cela craint pour ma vie, je peux y être tué. C’est dingue ! Dans l’industrie du spectacle au Moyen-Orient, ils ne te questionnent pas à propos de ta sexualité. En Occident, on veut tout savoir sur la sexualité des gens et encore plus sur les artistes : Est-ce que Prince était gay ? Les gens sont obsédés par ça ! Au Moyen-Orient, les artistes peuvent être androgynes, cela fait partie du show. On peut être qui on veut ! Quand j’ai été dans un club à Istanbul, plein de filles sont venues me voir et ont commencé à danser avec moi. Je leur ai dit que j’étais gay et elles étaient hallucinées. Je leur ai répondu : « Mais vous m’avez-vu ? ». (Rires). C’est drôle, ils ne voient pas les artistes sous le prisme de la sexualité. Ils n’en parlent pas ou ne posent pas de questions. Ce n’est pas plus mal, au moins ils ne sont pas obsédés par l’identité sexuelle de quelqu’un.
Tu as écrit les scripts et réalisé tes 3 derniers clips. On dirait du Xavier Dolan !
D’une certaine façon, je suis un réalisateur dans mon cœur. Je filme partout où je vais. Dans mes vidéos, je mets toujours en scène mes propres amis. C’est un univers féerique : on dirait à la fois un film de vacances avec mes amis ou comment on passe notre temps chez moi et une pub pour un parfum. C’est la célébration de l’Amour quel qu’il soit et de la liberté d’être qui l’on veut !
Pourquoi ces prénoms sur l’album ? Oliver et James existent-ils vraiment ?
C’est drôle parce que sans y penser ou y réfléchir, il y a des prénoms dans chaque album. C’est vraiment inconscient ! J’utilise des prénoms masculins parce que je trouve que c’est romantique ou j’écris évidemment en pensant à quelqu’un de précis. J’ai écrit James le jour où ma petite cousine a accouché d’un garçon.
Pourquoi n’y a-t-il pas de duo ?
Parce que j’ai toujours peur que les autres artistes chantent mieux que moi ! (Rires). C’est la vérité. Si je devais choisir quelqu’un, je prendrais une très belle voix. Par exemple : Frank Ocean. Mais le problème, c’est que les gens n’écouteraient que sa performance sur l’album. (Rires). Je choisirais donc définitivement une fille pour faire un duo parce que j’aime l’idée d’avoir la voix d’une fille sur l’album, d’où des fois ce côté très androgyne. Il faudrait une voix aérienne comme Lana Del Rey.
Considères-tu l’image comme une extension de ton Art ?
Je ne peux pas concevoir les deux séparément. Quand j’écris des chansons, je peux décrire précisément comment je vois les choses visuellement. C’est très cinématographique. C’est un peu comme une peinture avec plein de touches de couleur.
Peins-tu ou écris-tu des poèmes ?
J’ai fait des études de peinture et, oui, j’écris des poèmes régulièrement.
Tu dis que dans tes chansons tu cherches à décrire la frontière entre la lumière et l’obscurité.
La mise en scène a toujours été importante à mes yeux. Dans ma tête, je conçois des paysages que j’essaye de retranscrire en musique et en mots. J’ai besoin pour créer de me mettre dans des conditions optimales et d’avoir un décor autour de moi qui me rende heureux. Je pense alors à quelque chose de très esthétique, un décorum dans ma tête, c’est très théâtral et j’écris des chansons à partir de cela, de ce que je vis à ce moment-là et de mes émotions.
Côté vêtements, tu es un véritable esthète. Aurais-tu pu être styliste ?
Je ne veux absolument pas faire ce métier ! (Rires). Designer, peut-être, mais styliste, jamais. Je n’aime pas les vêtement futuristes, je suis plutôt attiré par le rétro : les années 40/50, mais j’ai beaucoup été marqué par les 70’s et le mouvement Hippie. (Rires). Le plus important, c’est que visuellement je sois connecté avec qui je suis en tant qu’artiste ! Si je portais un jean et un tee-shirt blanc, je ne me sentirais pas à l’aise. (Rires).
Propos recueillis par Thierry Calmont
Photographies : Kris De Smet, Marie Wynants & Arber Sefa
Album : « The Shimmer » ([PIAS] Recordings/PIAS France) en C.D., vinyle & Digital (11 titres).
Extraits : « James », « Oliver » & « Livestream ».
Concerts : 12 Novembre 2021 Ancienne Belgique (Bruxelles/Belgique), 30 Avril 2022 Palais des Sports (Anvers/Belgique) & 20 Mai La Cigale (Paris).
Sites Internet : www.oscarandthewolf.com, www.facebook.com/oscarandthewolf & @oscarandthewolf (Twitter & Instagram).