PLANNINGTOROCK ARTISTE QUEER ENGAGÉ !
PLANNINGTOROCK ARTISTE QUEER ENGAGÉ !
« Je vis mon rêve gay & tout le monde y a droit ! »
Figure emblématique de la scène Dance queer depuis 17 ans, Jam Rahuoja Rostron alias Planningtorock a assuré les 1ères parties de LCD Soundsystem, sorti 4 albums, collaboré avec Peaches…, remixé Christine and the Queens, Robyn, Perfume Genius ou Lady Gaga, signé la bande-son (6 titres) du défilé Chanel 2020 (« Planningtochanel » disponible en Digital)…
Cet.te auteur.e, compositeur.e, interprète, D.J. et réalisateur.e anglais.e est un.e activiste qui utilise sa musique pour œuvrer pour les droits LGBT : iel évoque leurs vies et leurs grands combats ! Fervent.e défenseur.e de la communauté queer, Planningtorock joue avec les genres, souhaite casser les codes et briser les étiquettes et barrières !
Pour se définir, Jam, qui est non-binaire (iel préfère les pronoms pluriels), se sert de sa musique pour ouvrir le débat, sans mener de combat violent. À travers son nouvel E.P. « Gay Dreams Do Come True » (3 titres), disponible le 29 Octobre en Maxi vinyle & Digital, iel évoque son mariage récent en 2020 et souhaite que son histoire inspire celles et ceux qui rêvent aussi de mener leur propre vie !
Comment résumerais-tu tes 17 ans de carrière ?
Le meilleur moyen de décrire ces années, c’est d’évoquer les 4 albums que j’ai sorti. Chacun d’entre-eux m’a fait grandir et permis d’affirmer un peu plus mes opinions politiques et mon engagement féroce au sein de la communauté queer. La musique m’a surtout aidé en ce sens !
Pourquoi souhaites-tu être défini.e par des pronoms ?
Je me définis personnellement comme « they/them », pronoms pluriels non genrés. Je pense que ça a toujours été le cas. Je n’ai jamais été très à l’aise avec les pronoms « elle » ou « lui ». En réalité, si je le pouvais, je m’identifierais en tant que Jam, mon prénom, et ce serait mon genre à part entière. Je suis la personne que l’on voit, dans toutes ses facettes, et voilà pourquoi je ne veux pas être catalogué.e sans avoir mon opinion à fournir.
Tu l’évoquais déjà en 2014 dans la chanson « Let’s Talk About Gender Baby » !
À mes yeux, le genre est avant tout une construction patriarcale et capitaliste, et c’est une bonne manière de faire de l’argent. C’est aussi très réducteur de cantonner les personnes à seulement deux genres. Chacun doit être libre d’exprimer ce qu’il ressent ! Nous sommes tous humains, divers et uniques dans nos sentiments. C’est la raison pour laquelle, j’ai posé ce texte sur une musique dance. Je ne voulais pas heurter mon auditoire, mais plutôt le questionner, voire le taquiner. Je ne veux pas choquer les personnes qui m’écoutent, mais les interpeller, afin d’ouvrir un débat, sans jugement !
As-tu conscience que ton Art est quand même direct ?
Je pense sincèrement qu’il l’est, car je n’ai pas le temps de tourner autour du pot. Certaines personnes sont plus subtiles ou poétiques. De mon côté, je défends les droits LGBT et je me dois d’être explicite. J’ai aujourd’hui 49 ans et j’ai vu les choses avancer et reculer pour les LGBT. Nous vivons dans une époque terrifiante où rien n’est acquis pour nous. Alors, je suis direct.e et je fais entendre nos voix !
Que réponds-tu aux personnes affirmant qu’il y a déjà eu beaucoup de progrès pour les LGBT ?
Je ne pourrai jamais nier les progrès immenses de ces dernières décennies. Mais il est aussi indéniable que la communauté queer est toujours considérée comme à part. J’ai des amis queers à travers le monde et je vois bien que nous sommes de plus en plus visibles. En même temps, il y a toujours des personnes qui souhaitent nous réduire au silence, c’est pourquoi nous devons rester visibles et ne jamais baisser la garde.
Quelle est la situation en Estonie où tu vis ?
Il est bien sûr possible de vivre en concubinage, mais les mariages de même sexe ne sont pas autorisés. Je me suis marié.e en Angleterre avec ma femme, mais notre union n’est pas reconnue ici. Sur le plan politique c’est assez effrayant ! Nous voyons la montée des partis d’extrême-droite, ce qui fait monter l’homophobie et le racisme. Tout ça donne la liberté aux gens d’exprimer des idées xénophobes et ce n’est pas rassurant !
D’où le titre de ton E.P. : « Gay Dreams Do Come True » ?
Absolument ! Nous avons tous besoin de rêver et d’espérer. Le monde est terrifiant et on peut parfois se sentir isolé. Plus jeune, je ne connaissais personne de la communauté queer et il n’y avait pas Internet. Encore une fois, en Estonie la situation est tendue avec des groupes néo-nazis qui harcèlent littéralement les LGBT. Ils veulent que l’on vive cachés, si ce n’est pire… Eh bien moi, j’ai décidé le contraire. Je n’ai jamais été aussi heureux.se depuis que je suis avec ma femme. Nous menons une vie paisible, je vis mon rêve gay et je le dis à toutes les personnes de la communauté queer : vous aussi vous avez le droit d’être heureux !
Pourquoi ce sein sur la pochette ?
C’est le sein de ma femme et moi qui vais l’embrasser. J’ai travaillé avec une artiste qui s’appelle Joyce Lee. J’adore son travail et je lui ai écrit pour qu’on collabore ensemble. Je voulais illustrer l’idée que mon rêve gay est devenu une réalité et que tout le monde y a droit !
Est-ce la raison pour laquelle tu sembles si heureux.se dans tes nouvelles chansons ?
Cet E.P. est celui de l’amour. Je l’ai écrit alors que j’étais dans cette petite bulle idyllique. Je le définirais comme « sexy dancy » tout d’abord, car je suis un.e fan de musique dance. C’est le style musical qui me transporte le plus et qui me touche au plus profond.
Pourquoi choisir Kiddy Smile pour remixer le titre « Gay Dreams Do Come True » ?
Je suis un.e grand.e fan. Nous sommes amis depuis un certain moment et pour moi, c’est une légende vivante ! J’avoue avoir été très timide la première fois que je l’ai rencontré, mais il a tout de suite accepté ma proposition. Ses remixes sont fabuleux et je suis honoré.e d’avoir collaboré avec lui. Il défend des idées qui me parlent et son Art me touche !
La culture gay peut-elle devenir mainstream car elle est vendeuse ?
J’ai beaucoup d’amis queers qui ont vu leur travail usurpé. Tout ce qui tourne autour de l’homosexualité est devenu lucratif pour une raison que j’ignore. On peut dire que les choses évoluent dans le bon sens, mais cela doit aussi nous interpeller. Les artistes gays méritent aussi d’avoir du succès ! C’est bien joli de s’approprier nos idées et notre esthétique, mais qu’en est-il de nos combats et réalités ? Je pense que c’est bien plus important !
Propos recueillis par Grégory Alleaume
Photographies : Jorgen Paabu
E.P. : « Gay Dreams Do Come True » (Human Level/PIAS France) en Maxi vinyle & Digital.
Extraits : « Gay Dreams Do Come True » & « Girl You Got My Heart ».
Sites Internet : www.planningtorockofficial.com & www.facebook.com/PLANNINGTOROCK.